Recoller les morceaux

En douceur. Sans forcément essayer de leur donner du sens. Ecrire simplement des mots, éparpillés sur la feuille blanche d’un ordinateur, des « je me souviens… ». Les images et les sons, les sensations et la douleur, écrire pour recoller les morceaux du puzzle de ma mémoire.

Y aller tout doucement. D’abord écrire. Estimer quel âge j’avais, par rapport à tel ou tel souvenir. Acter la réalité de ce souvenir. Passer au suivant. Acter la réalité de tous ces souvenirs. Me répéter que ce n’est pas un cauchemar. Que mon inconscient n’a aucune raison d’inventer des souvenirs. Que je ne suis pas une menteuse. Que je ne suis pas psychotique.

Peut-être, un jour, reprendre le clavier. Quand j’aurai suffisamment dormi, quand je serai suffisamment reposée, quand j’irai suffisamment bien, quand les médicaments m’auront stabilisée, quand… Donner du temps au temps, ne pas en faire mon ennemi. Accepter la décompensation et ce qu’elle signifie. Comprendre que mon cerveau et mon corps ont dit « non ». Que je ne peux plus fonctionner en mode par défaut, qu’il faut maintenant trouver le mode sans erreur.

Prendre patience. Je retrouverai ma classe un jour, ou peut-être une autre classe. Je reprendrai le travail, un jour, mais pas maintenant.

Maintenant, c’est l’heure du grand désordre, du grand puzzle.

Maintenant, il est l’heure de ramasser les pièces et de reconstituer les images.

Maintenant, Angèle Givrée est assez forte pour s’occuper de l’enfant et de l’adulte qui sont en elle.

Source (creative commons): geralt

2 commentaires

  1. Régulièrement, lectrice anonyme, je reviens voir si un nouveau post est arrivé… en l’occurrence c’est le cas
    Des pensées toutes douces pour toi

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